Laissez-moi vous planter un décor : vous êtes assis·e au bord du lac, du jazz en fond sonore et vous regardez les cygnes cancaner d’exaspération face au brouhaha de la foule. Il fait bon et un concert vous attend sous le chapiteau, quoi de mieux ? Avec Fréquence Banane, nous étions sur place pour découvrir le projet Ghana Highlife de l’orchestre de l’HEMU, composé d’étudiant·e·s en jazz et en musique classique. Iels présentaient des morceaux mélangeant trois styles musicaux : le classique, le jazz et de la musique de l’Afrique de l’Ouest, avec énergie et beaucoup de charme. Au début du concert, Thomas Dobler, le professeur et vibraphoniste dirigeant le projet, nous a expliqué que ce projet est né d’une envie de marier le jazz à la musique du Ghana. Pour ce faire, les étudiant·e·s de l’HEMU ont pu partir deux semaines au Ghana pour y rencontrer les musicien·ne·s locaux·ales. L’équipe s’est entrainée ensemble et a joué plusieurs concerts sur place. À son retour en Suisse, la troupe s’est présentée plusieurs fois sur scène, dont ce soir au Cully pour offrir au public suisse des airs du Ghana.
1, 2, 3, let’s jam
La scène est grande sous le chapiteau. Les lumières s’éteignent, les conversations s’estompent. Les musicien·ne·s entrent sur scène. Iels sont nombreux ! Certain·e·s, au fond, ne sont même pas visibles. Iels s’installent tranquillement. Inspiration. 1, 2, 3 et boum, tout prend vie. Tous les instruments en un son chantent. Et ça swing, ma tête et mes pieds ne peuvent pas s’empêcher de battre au rythme. L’impulsion emporte le public, qui acclame après chaque solo. Les musicien·ne·s sur scène communiquent constamment entre elleux avec leurs instruments et leur regard, le sourire aux lèvres. Le trombone est dans sa lancée, il improvise avec frénésie un solo. Le xylophone répond en s’inspirant de ses mélodies, et l’accompagne en douceur. L’accordéon prend la relève puis passe la torche aux chanteur·euse·s. Enfin, tous·tes se réunissent avec ardeur au chorus.
Lucie, ma coéquipière de Banane, m’a dit à la sortie du concert : « Je n’ai jamais vu des musicien·ne·s aussi souriant·e·s sur scène ». Et c’est un sourire bien contagieux, car le mien je ne pouvais pas le lâcher de toute la soirée !
Une chanteuse raconte…
Après le spectacle, nous avons eu l’occasion de poser des questions à une des musicien·ne·s de l’équipe : Aleksandra Zemlianskaia, une pianiste et chanteuse de jazz, également compositrice.
Comment as-tu entendu parler de ce projet?
A.Z: Nous (étudiant·e·s de l'HEMU) avons reçu un mail avec l'appel à candidature et j'ai tout de suite voulu postuler ! Comme il n'y avait pas de piano dans le projet j'ai postulé en tant que chanteuse et j'ai été choisie avec dix autres étudiant·e·s de l'HEMU.
Comment c’était ce voyage au Ghana?
A.Z: Nous sommes parti·e·s pendant presque deux semaines. C'était une expérience très intense et enrichissante. Nous avons pu travailler avec les musicien·ne·s Ghanéen·ne·s, et cela me fascinait de voir leurs procédés de travail. La manière dont iels abordent la musique est très différente de la nôtre: iels apprennent uniquement à l'oreille, alors que nous travaillons beaucoup plus avec les partitions. De plus, iels avaient une forte présence sur scène et beaucoup de joie à jouer. Je pense que nous devrions nous inspirer de leur manière de vivre la musique !
Et comment était cette soirée à Cully?
C’était formidable ! L'organisation a été au top. Cette fois-ci nous avons joué dans une formation avec plus d'étudiant·e·s mais malheureusement sans les percussionnistes Ghanéen·ne·s. C'était surtout incroyable pour moi de jouer la première partie du concert, avant Dave Holland et Eric Harland, qui ont toujours été mes héros, depuis que je suis toute petite. J'aimerais remercier l'HEMU et Thomas Dobler, pour cette opportunité passionnante tant sur les plans culturel, musical et humain, ainsi que pour m’avoir donné la chance de participer au Cully Jazz !
Elvire Akhundov